Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Esparvieu. Au rebours, leur frère, M. Gaétan, gentilhomme campagnard, n’y était point parvenu ; il était agnostique, comme on dit dans le monde, pour ne point employer le terme odieux de libre penseur. Et il se déclarait agnostique, contrairement au bel usage qui veut que cela se cache. Il y a, au siècle où nous sommes, tant de manières de croire et de ne pas croire, que les historiens futurs auront peine à s’y reconnaître. Mais démêlons-nous mieux l’état des croyances aux temps de Symmaque et d’Ambroise ?

Chrétien fervent, René d’Esparvieu était fortement attaché aux idées libérales que ses ancêtres lui avaient transmises comme un héritage sacré. Réduit à combattre la République athée et jacobine, il se proclamait encore républicain. C’est au nom de la liberté, qu’il réclamait l’indépendance et la souveraineté de l’Église. Lors des grands débats de la Séparation et des querelles des Inventaires, les synodes des évêques et les assemblées des fidèles se tenaient dans sa maison.

Tandis que se réunissaient, dans le grand salon vert, les chefs les plus autorisés du parti catholique, prélats, généraux, sénateurs, dépu-