Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/211

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Dieu jaloux ; il s’écroulera par nous. Debout ! compagnons, et haut les cœurs !

» Aussitôt, à son commandement, nous entassâmes montagnes sur montagnes et nous dressâmes au faîte des machines qui lancèrent des rochers enflammés contre les demeures divines. La troupe céleste en fut étonnée, et du séjour de gloire jaillirent des gémissements et des cris d’épouvante. Déjà nous pensions rentrer en vainqueurs dans notre haute patrie ; mais le Mont du Seigneur se couronna d’éclairs et la foudre, tombant sur notre forteresse, la réduisit en poudre.

» Après ce nouveau désastre, le Séraphin demeura quelque temps songeur, la tête dans les mains. Puis il montra son visage noirci. Maintenant, il était Satan plus grand que Lucifer. Les anges fidèles se pressaient autour de lui.

» — Amis, nous dit-il, si nous n’avons pas déjà vaincu, c’est que nous ne sommes ni dignes ni capables de vaincre. Sachons ce qui nous a manqué. On ne règne sur la nature, on n’acquiert l’empire de l’Univers, on ne devient Dieu que par la connaissance. Il nous faut con-