Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/235

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sous sa cognée. Il haïssait les Nymphes parce qu’elles étaient belles, et il leur jetait des imprécations quand leurs flancs arrondis brillaient le soir à travers le feuillage, et il avait en aversion ma flûte mélodieuse. Le pauvre hère pensait qu’il y a des formules pour mettre en fuite les démons immortels qui habitent les antres frais, le fond des forêts et les sommets des montagnes. Il croyait nous vaincre avec quelques gouttes d’eau sur lesquelles il avait prononcé certains mots et fait quelques gestes. Les nymphes, pour se venger, lui apparaissaient la nuit et lui donnaient d’elles un désir ardent, que le bélître croyait criminel ; puis elles fuyaient, égrenant par les champs leur rire sonore, tandis que leur victime se tordait, les reins brûlés, sur sa couche de feuilles. Ainsi les Nymphes divines se moquent des exorciseurs et raillent les méchants et leur chasteté sordide.

» L’apôtre ne fit pas autant de mal qu’il aurait voulu, parce qu’il enseignait des esprits simples et dociles à la nature et que telle est la médiocrité de la plupart des hommes, qu’ils tirent peu de conséquences des principes qu’on