Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trable d’une phrase de Jules César. Que de belles parties de barres ou de ballon nous avons faites ensemble ! Plus d’une fois, nous avons connu l’ivresse de la victoire, et nos jeunes lauriers n’étaient point trempés de sang ni de larmes. Maurice, j’ai fait tout mon possible pour protéger votre innocence, mais je ne pus vous empêcher de la perdre, à l’âge de quatorze ans, dans les bras de la femme de chambre de votre mère. Je vous vis ensuite à regret aimer des femmes de toutes conditions, d’âges divers et qui n’étaient pas toutes belles, du moins pour les yeux d’un ange. Attristé par ce spectacle, je me jetai dans l’étude ; une riche bibliothèque m’offrait des ressources qu’on trouve rarement. J’approfondis l’histoire des religions ; vous savez le reste.

— Mais maintenant, mon cher Arcade, conclut le jeune d’Esparvieu, vous n’avez plus de position, plus de situation ; vous êtes sans ressources d’aucun genre. Vous êtes un déclassé, un irrégulier. Vous êtes un vagabond, un va-nu-pieds.

L’ange repartit avec quelque aigreur qu’il était néanmoins un peu mieux vêtu présente-