Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/318

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Et le ministre alluma une cigarette. Il comptait bien, à l’aide de ce complot, réduire l’opposition, fortifier son pouvoir, amoindrir ses collègues, humilier le Président de la République et devenir le sauveur attendu.

Le Préfet de Police s’engagea à suivre les instructions ministérielles, se promettant de n’agir qu’à sa guise. Il fit surveiller les individus signalés par Barattan et recommanda à ses agents de n’intervenir pour aucune cause que ce fût. Se voyant filé, le prince Istar, qui unissait la prudence à la force, retirait de sa gouttière les bombes qu’il y avait cachées et, d’autobus en métro, de métro en autobus, par les plus savants détours, allait déposer ses engins chez l’ange musicien.

Arcade, chaque fois qu’il sortait de son hôtel de la rue Saint-Jacques, trouvait à sa porte un homme d’une distinction outrée, ganté de jaune et qui portait à sa cravate un diamant plus gros que le Régent. Étranger aux choses de la terre, l’ange rebelle ne prêtait nulle attention à cette rencontre. Mais le jeune Maurice d’Esparvieu, qui avait pris à tâche de garder son ange gardien, considérait avec inquiétude ce gentleman,