Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/323

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au garni de la rue Saint-Jacques, le ciel était noir ; devant la porte, le diamant de l’espion brillait comme un phare ; trois cyclistes, réunis sous ses rayons, s’éloignèrent, à l’approche de l’auto, dans des directions divergentes. L’ange n’y prit point garde, mais Maurice en conclut que les mouvements d’Arcade intéressaient diverses personnes puissantes dans l’État. Il jugea le péril pressant ; sa résolution fut aussitôt prise.

Le lendemain matin, il vint chercher le suspect pour l’emmener rue de Rome. L’ange était dans son lit. Maurice le pressa de s’habiller et de le suivre.

— Venez, lui dit-il. Cette maison n’est plus sûre pour vous. Vous êtes surveillé. Un jour ou l’autre, vous allez être arrêté. Voulez-vous coucher au Dépôt ? Non. Eh bien ! venez. Je vais vous mettre en lieu sûr.

L’esprit sourit avec un peu de pitié à son naïf sauveur.

— Ne savez-vous pas, lui dit-il, qu’un ange brisa les portes de la prison où Pierre était enfermé et délivra l’apôtre ? Me croyez-vous, jeune Maurice, inférieur en puissance à ce frère