Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/338

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rité nécessaire pour faire des représentations à Maurice. Madame des Aubels, qui avait gardé toute sa dignité, fixa sur le jeune d’Esparvieu un regard impérieux et lui dit :

— Allez me chercher une voiture.

Et tel est l’empire des femmes sur une âme bien née, dans un peuple galant, que ce jeune Français alla dire aussitôt au concierge d’appeler un taxi. Madame des Aubels prit congé en jetant à Maurice le regard de mépris qu’une femme doit à celui qu’elle a trompé et en s’étudiant à donner à tous ses mouvements un charme délicieux. Maurice la regarda partir avec l’expression d’une indifférence qu’il n’éprouvait pas. Puis il se tourna vers l’ange revêtu du pyjama à fleurs que Maurice lui-même portait le jour de l’apparition, et cette circonstance, petite en elle-même, accrut le ressentiment de l’hôte si indignement trahi.

— Eh bien ! dit-il, vous pouvez vous vanter d’être un méprisable individu. Vous vous êtes conduit d’une façon ignoble, et bien inutilement. Si cette femme vous plaisait, vous n’aviez qu’à me le dire. J’en étais las. Je n’en voulais plus. Je vous l’aurais bien volontiers laissée.