Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/362

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grigou d’Esparvieu, qui écorcherait une puce pour en avoir la peau ! Regardez-moi, mon bon Sariette et dites si j’ai la tête d’un Jocrisse. Vous savez bien que d’Esparvieu a refusé de payer cinquante francs à un brocanteur le portrait d’Alexandre d’Esparvieu, le grand aïeul, par Hersent, et le grand aïeul est resté sur le boulevard Montparnasse, vis-à-vis du cimetière, à l’étalage d’un Juif, où tous les chiens du quartier viennent pisser dessus… Que je me fie à la libéralité de monsieur d’Esparvieu !… Vous en avez de bonnes !…

— Eh bien ! Guinardon, je m’engage à vous donner moi-même l’indemnité que des arbitres fixeront. Vous entendez ?

— Ne faites donc pas le magnifique avec des ingrats, mon bon Sariette. Ce d’Esparvieu a pris votre savoir, votre activité, votre vie entière pour un salaire dont un valet de chambre ne voudrait pas. Laissez donc cela… D’ailleurs, il est trop tard. Le livre est vendu…

— Vendu ?… à qui ? demanda Sariette avec angoisse.

— Que vous importe ? Vous ne le reverrez