Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/37

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beaucoup accorder à l’hypothèse ; mais l’esprit de M. Sariette, ne pouvant rester en repos, errait parmi les suppositions les plus extravagantes. Impatient de connaître la vérité, le zélé gardien des livres appela le valet de chambre.

Hippolyte ne savait rien. Le portier de l’hôtel, interrogé, ne put fournir aucun indice. Personne, dans le service, n’avait rien entendu. M. Sariette descendit dans le cabinet de M. René d’Esparvieu, qui le reçut en robe de chambre et en bonnet de nuit, écouta son récit de l’air d’un homme grave qu’on fatigue avec des sornettes et le congédia sur ces mots où perçait une pitié cruelle :

— Ne vous tourmentez pas, et soyez sûr, mon bon monsieur Sariette, que les livres étaient ce matin où vous les aviez laissés hier.

M. Sariette fit et refit vingt fois son enquête, ne trouva rien et en ressentit une inquiétude qui lui ôta le sommeil. Le lendemain, à sept heures, pénétrant dans la salle des bustes et des sphères, il y vit tout en ordre et en poussa un soupir d’aise. Puis soudain son cœur battit à se rompre ; il venait d’apercevoir, posé à plat sur la tablette de la cheminée, un volume in-