Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/410

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le front couronné de raisins et portant son sceptre de pampres, il instruisait et consolait les hommes, son cœur s’était bien des fois gonflé de tristesse ; mais jamais encore, depuis sa chute glorieuse, son beau visage n’avait exprimé autant de douleur et d’angoisse.

Zita lui dit les étendards noirs rassemblés en foule dans tous les déserts de ce globe ; la délivrance méditée et préparée dans les provinces du ciel où s’était déjà fomentée la première révolte. Et elle ajouta :

— Prince, ton armée t’attend. Viens la conduire à la victoire.

— Amis, répondit le grand archange, je savais le sujet de votre visite. Des corbeilles de fruits et des rayons de miel vous attendent à l’ombre de ce grand arbre. Le soleil est prêt de descendre dans les eaux roses du fleuve sacré. Quand vous aurez mangé, vous dormirez agréablement dans ce jardin où règnent l’intelligence et la volupté depuis que j’en ai chassé l’esprit du vieux Démiurge. Demain je vous donnerai ma réponse.

La nuit étendit sur le jardin ses voiles bleus. Et Satan s’endormit et il eut un rêve, et dans