Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne doutait pas de la victoire ; mais on craignait la trahison, et l’on réclamait déjà pour les espions et les alarmistes les ténèbres éternelles. On criait, on chantait les vieilles hymnes, on acclamait le Seigneur. On buvait les vins mystiques. Les courages trop enflés étaient près de se rompre, et une secrète inquiétude se glissait dans le fond obscur des âmes. L’archange Michel prit le commandement suprême. Il rassurait les esprits par son calme. Son visage, où transparaissait son âme, exprimait le mépris du danger. Par ses ordres, les chefs des foudres, les Kéroubs, épaissis par une longue paix, parcouraient d’un pas lourd les remparts du Mont sacré, et, promenant sur les nuées fulgurantes du Seigneur le regard lent de leurs yeux bovins, s’efforçaient de mettre en position les batteries divines. Après avoir inspecté les défenses, ils jurèrent au Très-Haut que tout était prêt. On délibéra sur la conduite à tenir. Michel se prononça pour l’offensive. C’était, disait-il, en militaire consommé, la règle suprême. Offenseur ou offensé. Il n’y avait pas de milieu.

D’ailleurs, ajoutait-il, cette attitude offen-