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patriotisme, un président de la République, ils faisaient disparaître les complices et les témoins de leur exécrable forfait. Peu de jours se passaient sans que Paris, épouvanté, n’apprît quelque meurtre mystérieux, préparé dans les Loges. C’étaient là des faits qu’on ne pouvait mettre en doute. Par quels moyens pénétraient-ils dans la bibliothèque ? M. Sariette ne pouvait le concevoir. Quelle besogne y venaient-ils accomplir ? Pourquoi s’attaquaient-ils à l’antiquité sacrée et aux origines de l’Église ? Quels desseins impies formaient-ils ? Une ombre épaisse couvrait ces entreprises épouvantables. L’archiviste catholique, se sentant sous l’œil des fils d’Hiram, terrifié, tomba malade.

À peine remis, il résolut de passer la nuit à l’endroit même où s’accomplissaient de si effroyables mystères et de surprendre ces visiteurs subtils et redoutables. Cette entreprise coûtait à son timide courage.

Faible de complexion, d’esprit inquiet, M. Sariette était naturellement sujet à la peur. Le 8 janvier, à neuf heures du soir, tandis que la ville s’endormait sous une tourmente de