Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/52

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des messagers de clémence et de paix. On désirerait y voir le séraphin qui purifia les lèvres du prophète ; saint Raphaël, qui rendit la vue au vieux Tobie ; Gabriel, qui annonça à Marie le mystère de l’Incarnation ; l’ange qui délivra saint Pierre de ses liens ; les chérubins qui portèrent sainte Catherine morte au sommet du Sinaï. On se plairait surtout à contempler ici les célestes gardiens que Dieu donne à tous les hommes baptisés en son nom. Nous avons chacun le nôtre, qui suit tous nos pas, qui nous console et nous soutient. Qu’il serait doux d’admirer en cette chapelle ces esprits pleins de charme, ces figures ravissantes !

— Ah ! monsieur l’abbé, il en faut prendre son parti, répliqua Gaétan ; Delacroix n’était pas tendre. Le père Ingres n’avait pas tant tort de dire que la peinture de ce grand homme sent le soufre. Regardez ces anges d’une beauté si splendide et si sombre, ces androgynes fiers et farouches, ces adolescents cruels qui lèvent sur Héliodore des verges vengeresses, ce jeune lutteur mystérieux qui touche le patriarche à la hanche…

— Chut ! fit l’abbé Patouille, celui-là n’est pas,