Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/98

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j’arrive, elles n’ont pas eu le temps de se rhabiller. Et tu me reproches d’être arrivée trop tard. Tu en as un front ! Allons, ouste, fais déguerpir ta grue… Tu sais, si tu voulais nous avoir toutes les deux ensemble, il fallait au moins me demander si ça me convenait…

Maurice, les yeux écarquillés et cherchant à tâtons sur la table de nuit un revolver qui n’y avait jamais été, souffla à l’oreille de son amie :

— Tais-toi donc ! ce n’est pas une femme… On n’y voit goutte… mais il me semble que c’est plutôt un homme.

Elle remit ses mains sur ses yeux et hurla de plus belle :

— Un homme ! D’où sort-il ? Un voleur !… un assassin !… Au secours ! au secours ! Maurice, tue-le ! tue-le !… Allume… Non ! n’allume pas !

Elle fit vœu mentalement, si elle échappait à ce péril, de brûler un cierge à la Sainte Vierge. Ses dents claquaient.

La figure fit un mouvement.

— N’approchez pas ! cria Gilberte, n’approchez pas !

Elle offrit au voleur de lui jeter tout ce qu’elle