Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/149

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l’esprit… Et il faut voir la mère Constant, son chapeau orné de coquelicots, ses anglaises attachées à ses oreilles par des ficelles rouges, ses coques, son petit châle jaune et son cabas ! Elle ne quitte pas sa fille, l’accompagne au théâtre, lui fait gober des œufs crus pour lui éclaircir la voix, s’installe dans la loge de la petite, reçoit les journalistes et les amoureux, dénombre aux ouvreuses toutes les beautés d’Isabelle, et les médecines qu’elle lui administre, et ramène l’enfant par « la dernière omnibus »… Si tu veux la voir, la petite Constant, ce n’est pas difficile. Tous les lundis régulièrement, le père Constant lui lave la tête au quinquina, puis vers les quatre heures, lorsque le temps est beau, il la mène au Luxembourg, la fait asseoir sur un pliant et fume sa pipe à côté d’elle, pendant que les cheveux de l’infante sèchent au soleil…