Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/204

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un préparateur spécial, nommé Duployer, un homme encore jeune, brusque, franc. Tous ceux qui se destinent aux finances vont le trouver : il demeure rue d’Alger, 7 ou 9.

Chazal n’était pas d’avis qu’on s’enfermât dans un ministère.

— Quel besoin as-tu, me dit-il, de te faire prisonnier ? Fais comme moi : cultive la terre. L’existence n’est bonne qu’à la campagne. On y travaille ferme, mais on s’y porte bien. Si tu m’en crois, fais de l’élevage. Il n’y a rien de plus intéressant. On est là aux sources de la vie. Mais tout est enivrant dans les travaux des champs. J’ai été amené à étudier les variations des espèces végétales. Tu ne peux pas te figurer ce que j’ai découvert. J’ai vu des variations monstrueuses se produire subitement et se fixer de génération en génération. Crois-tu ? J’ai vu une aubépine perdre ses épines et centupler ses fleurs dans un terrain gras, hein, mon vieux ? C’est comme je te dis.

Il était transporté. Je le retrouvais plus sauvage et plus fort que jamais. Il croissait en vigueur, tandis que Mouron diminuait et s’amoindrissait, mais j’étais dans un âge où l’on ne prévoit pas les malheurs.