Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/231

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Sache, mon enfant, que la flatterie est toujours une offense et qu’elle est un outrage à la beauté. Le modèle qui posa pour cette Psyché est resté longtemps célèbre dans les ateliers. Elle s’appelait Céline… Tu retrouveras Céline dans beaucoup de tableaux de l’époque impériale. Elle posa pour David, avec qui elle se brouilla : il était brutal, Céline était fière et avait un très mauvais caractère. Elle posa pour Guérin, pour Girodet, pour le baron Regnault et, plus tard, pour Hersent. C’était avec la Marguerite de Prud’hon le plus beau modèle femme de cette époque. Marguerite exhalait la volupté. Mais Céline était plus svelte, plus fine, plus élégante, sa chevelure avait plus de richesse, son teint plus d’éclat. Céline en 1815, bien qu’elle eût passé la première jeunesse, jouissait encore d’une si grande renommée parmi les peintres, que l’empereur Alexandre, lors de son séjour à Paris, voulut la voir, et lui donna pour ses papillotes une liasse de billets de la banque de Pétersbourg. On dit que la duchesse d’Angoulême fut curieuse aussi de voir Céline et lui fit un cadeau. Je l’ai rencontrée, un jour, dans l’atelier de Monsieur de Forbin ; elle était encore jolie, mais très épaissie. Il y a