Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

David dansant devant l’arche en s’accompagnant de la harpe prophétique. David c’était mademoiselle Gobelin portant accrochée aux oreilles une longue barbe de tricot bleu qui jointe à son nez naturel composait une figure assez accentuée. Coiffée d’un turban de cachemire que surmontait une bouillotte de cuivre rouge, enveloppée d’un manteau d’andrinople, elle pinçait en guise de lyre le dos d’une chaise dorée et cannée et exécutait gravement une danse hiératique qui accusait la longueur de ses bras, de ses jambes, de ses pieds, et l’anguleuse sécheresse de ses coudes et de ses genoux. Derrière elle, Élise Guerrier chantait en s’accompagnant d’une écumoire. Quant à l’arche


EtQui fit tomber tant de superbes tours
Et força le Jourdain de rebrousser son cours,


c’était la table à ouvrage de madame Danquin qui, la voyant pencher conformément aux textes, s’écria du fond du salon : « Ma tapisserie !… » car il y avait dans l’arche des pantoufles que madame Danquin tapissait pour M. Danquin.

Mais le gros du succès alla au docteur Renaudin qui, s’étant composé, on ne sait