Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/29

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de cuisine et des images de sainteté étaient pendus aux murs. Des bouteilles et des verres sales garnissaient la cheminée.

La veuve nous demanda d’une voix adoucie ce que nous voulions.

— Vous êtes pauvre, n’est-ce pas, madame ? lui demanda Fontanet.

— Hélas, oui ! soupira la veuve.

Elle nous fit asseoir. Fontanet, bien plus petit que moi, lui parut le plus considérable, car elle le fit asseoir dans un siège garni de coussins troués et me tendit la chaise qui n’avait que trois pieds. Elle nous conta, en gémissant, ses malheurs : ils venaient de son veuvage. Son mari occupait un poste de confiance à Bercy. Mais il était mort après une longue maladie et l’on avait tout vendu. Elle-même était matelassière, mais avait perdu toute sa clientèle. Elle parla abondamment de ses deux enfants, Alice et Firmin, bien mignons et donnant bien de la peine à élever. Sans ouvrage, pour l’heure, ils étaient allés en chercher.

Avec une grâce et une aisance que j’admirai, Fontanet lui remit le secours pécuniaire, sans spécifier la part que j’y avais, car il connaissait