Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/302

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Mademoiselle Eugénie, modes ; au deuxième, Héricourt, médecin-dentiste ; au troisième, Madame Hubert, corsets ; au quatrième, une carte clouée par quatre pointes portait cette inscription : l’Enfant de Marie, revue hebdomadaire. Les dames Gobelin habitaient au-dessus. Je trouvai Philippine longue et dégingandée comme de coutume, les cheveux fades, les yeux petits, la bouche grande, grise de tristesse. Sa mère, toute blanche, les yeux lavés, ses joues de papier de soie toutes chiffonnées, n’avait plus d’âge. Les deux femmes coloriaient des photographies d’enfants. J’annonçai mon départ. Madame Gobelin me dit que les Danquin l’en avaient déjà informée. Philippine, les lèvres pincées, ne dit rien ; il me sembla qu’elle était blessée de ne pas l’avoir appris la première, et je lui sus gré du reproche que je croyais lire dans ses yeux.

Je pensai effacer cette impression par des marques d’intérêt, lui demandai si elle n’enverrait pas un cadre de miniatures au Salon, et promis de lui expédier de Bagdad quelques-unes de ces aquarelles persanes qu’elle aimait.

Elle s’anima et farda sa tristesse d’une gaîté criarde.