Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Aujourd’hui encore le bonnet de coton me paraîtrait quelque chose d’abominable si je ne songeais que Jeanneton, dit-on, en couronna le petit roi d’Yvetot. Mais cela n’est point dans mon sujet. Fontanet, qui huit jours auparavant avait si bien exprimé les délices de la bienfaisance, ne s’intéressait plus à la veuve Bargouiller. Il refusait de m’accompagner chez elle. Son intention était d’aller tirer à la carabine dans une baraque nouvellement établie sur le boulevard de l’Observatoire. Je lui représentai que je tenais sous mon pardessus du vieux linge, destiné aux deux enfants de la pauvre veuve. Il me conseilla de rapporter le paquet à la maison, ou plus simplement de le jeter dans quelque bouche d’égout. Tout ce que je pus obtenir de lui, ce fut qu’il m’attendît devant le passage du Dragon pendant que j’accomplissais, en vêtant ceux qui sont nus, une des sept œuvres de la miséricorde. Je trouvai madame Bargouiller plus rouge et plus enflammée que la première fois et le nid de vipères plus agité sur sa tête. Elle me demanda des nouvelles du petit vicomte (c’est ainsi qu’elle appelait Fontanet) et, quand elle apprit qu’il ne viendrait point, elle parut vivement contrariée.