Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/43

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sant les bêtes, il faisait des pièges à prendre les oiseaux et toutes sortes d’engins. Il se montrait déjà très capable. Mais il faut que j’aille remuer mes lentilles.

Et Justine courut vers la cuisine d’où s’échappait une âcre odeur de brûlé.

Ce Spartacus du doux Foyatier, dont l’original, dans le jardin des Tuileries, tournait jadis contre le château ses regards irrités et ses poings menaçants, je l’ai pris en grippe pour l’avoir trop vu dans mon enfance, et parce que c’est un morceau insipide. M. Ménage en disait : « ce bonhomme est baudruchard. » Mon père l’aimait. Je ne crois pas, entre nous, qu’il l’ait jamais vu, ce qu’on appelle vu. Il ne regardait rien de ce qui ne touchait pas à sa profession, excepté les aspects de la nature, quand ils étaient riants ou sublimes. Ce qu’il admirait dans le Spartacus de son cher Foyatier, c’était l’idée, le symbole. Il considérait en cette figure le libérateur des opprimés, spectacle agréable à ses yeux, car il aimait la justice et détestait la tyrannie.

— Si j’étais républicain, disait-il, je pourrais à la rigueur admettre l’oppression au nom d’un principe fondamental ou d’un intérêt