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que trente-cinq minutes pour arriver à la maison à l’heure coutumière. En y rentrant avec quelque retard, tout essoufflé et sentant bon l’herbe, j’y trouvai ma tante Chausson qui me demanda si je travaillais bien et ce que j’avais fait dans la journée.

Elle venait à propos et m’interrogeait à point. Car j’aurais eu scrupule de mentir à ma mère et j’estimais que c’était œuvre pie que de tromper ma tante Chausson. Je répondis donc que j’avais appris plus de choses en ce jour que je n’avais fait depuis six mois et n’avais pas perdu mon temps.

Ma tante Chausson se récria sur ma bonne mine et me fit remarquer judicieusement que l’étude ne nuisait pas à la santé.

J’avais compté que, grâce au désordre qui régnait dans le collège où j’étais, mon absence ne serait pas remarquée. C’est ce qui arriva. Parmi tous les heureux effets de ces vacances coupables et délicieuses, j’en dois signaler un fort singulier.

Je revis M. Crottu sans déplaisir : je ne le haïssais plus.