Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/24

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Elle put du moins tirer une fois Berquin des griffes du parlement. Après cette bonne œuvre elle écrivit à Anne de Montmorency :

« Mon fils, depuis la lettre de vous par le porteur, j’ay reçeu celle du baillif d’Orléans, vous merciant du plaisir que m’avés fait pour le pauvre Berquin, que j’estime aultantque si c’étoit moy-mesmes, et par cela pouvés-vous dire que vous m’avés tirée de prison, puisque j’estime le plaisir fait à moy. »

Lefebvre d’Etaples (Fabri, comme ils le nommaient) était fort tracassé pendant la captivité du roi ; Marguerite obtint de son frère qu’il écrivît au parlement de laisser tranquille cet excellent vieillard.

Elle manda à quelque temps de là à Anne de Montmorency :

« Le bonhomme Fabry m’a escript qu’il s’est trouvé un peu mal à Blois, avecques ce qu’on l’a voulu fascher par de là. Et pour changer d’air iroit voulentiers veoir ung amy pour ung temps, si le plaisir du roy estoit luy vouloir donner congié. Il a mis ordre en sa librairie, cotté les livres et mis tout par inventaire, lequel il baillera à qui il plaira au roy. » j

La visite à « ung ami » n’était qu’une feinte. Le bonhomme s’en alla à Nérac, où il acheva tranquillement de vivre.

Elle s’intéressa pour Erasme dans l’affaire que les cuistres de Sorbonne suscitèrent à cet homme de savoir et d’esprit. Charles de Sainte-Marthe, qu’on voulait brûler comme hérétique à Grenoble, trouva près d’elle, à Alençon, bon sourire et bonne chère.

« Elle fit une instante prière afin que la Cour (de