Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




Chateaubriand






I. —LA JEUNESSE DE CHATEAUBRIAND




Ferançois-René de Chateaubriand grandit au milieu des bruyères, des friches et des champs de blé noir, dans un château breton, sous les yeux froids de son père, vieux gentilhomme qui séchait là d’orgueil et d’ennui. Combourg élevait les toits en poivrières de ses tours au-dessus des chênes, au bord d’un étang. La tristesse et l’âpreté de la terre bretonne s’étendaient alentour. Négligé par une mère chagrine, René traîna son enfance dans cet air sauvage, devant le foyer triste. Il s’attacha à la quatrième de ses sœurs, enfant maladive, délaissée comme lui, comme lui rêveuse.

Le frère et la sœur ne rencontraient qu’une seule figure affectueuse dans la maison féodale : celle d’une vieille servante, la Villeneuve, qui, plus mère que la