Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
LE JARDIN D'ÉPICURE

Ne craignons pas trop de prêter aux artistes d’autrefois un idéal qu’ils n’eurent jamais. On n’admire point sans quelque illusion, et comprendre un chef-d’œuvre c’est, en somme, le créer en soi-même à nouveau. Les mêmes œuvres se reflètent diversement dans les âmes qui les contemplent. Chaque génération d’hommes cherche une émotion nouvelle devant les ouvrages des vieux maîtres. Le spectateur le mieux doué est celui qui trouve, au prix de quelque heureux contresens, l’émotion la plus pure et la plus forte. Aussi l’humanité ne s’attache-t-elle guère avec passion qu’aux œuvres