Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/245

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vière et sur toute la contrée, la jeune femme eut hâte de renvoyer la bonne qui faisait le feu et de coucher André. Pendant qu’elle lui tirait ses bas de laine et qu’elle tâtait à pleines mains les petits pieds froids, lui, écoutant les grondements sourds du vent et les tintements de la pluie contre les vitres, il noua ses deux bras sur le cou de sa mère penchée.

— Maman, dit-il, j’ai peur.

Mais elle, en lui donnant un baiser :

— Ne t’agite pas, dors, mon chéri.

Puis elle alla s’asseoir près du feu et lut une lettre.

À mesure qu’elle lisait, ses joues se coloraient ; un souffle chaud lui montait de la poitrine. Et, quand elle eut fini de lire, elle resta étendue dans son fauteuil, les mains inertes et l’âme perdue dans un rêve. Elle songeait :

« Il m’aime ; il est si bon, si franc, si honnête ! Les soirées d’hiver sont bien tristes quand on est seule. Il s’est montré si délicat avec moi ! Certainement, il a beaucoup de cœur. J’en vois la preuve, rien qu’à la manière dont il m’a fait sa demande. »

Alors ses yeux rencontrèrent la gravure de