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III

JE TE DONNE CETTE ROSE

Nous habitions un grand appartement plein de choses étranges. Il y avait sur les murs des trophées d’armes sauvages surmontés de crânes et de chevelures ; des pirogues avec leurs pagaies étaient suspendues aux plafonds, côte à côte avec des alligators empaillés ; les vitrines contenaient des oiseaux, des nids, des branches de corail et une infinité de petits squelettes qui semblaient pleins de rancune et de malveillance. Je ne savais quel pacte mon père avait fait avec ces créatures monstrueuses, je le sais maintenant : c’était le pacte du collectionneur. Lui, si sage et si désintéressé,