Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’habiller, elle n’avait pas commencé d’écrire la réponse.

Soucieuse, elle songeait : « Il a confiance en moi. Il est tranquille. » C’est ce qui l’impatientait le plus. Elle s’irritait contre ces gens simples qui ne doutent ni d’eux ni des autres.

Étant descendue au salon des cloches, elle y trouva Vivian Bell écrivant, qui lui dit :

— Voulez-vous savoir, darling, ce que je faisais en vous attendant ? Rien et tout. Des vers. Oh ! darling, il faut que la poésie, ce soit notre âme épanchée naturellement.

Thérèse embrassa miss Bell, et, la tête sur l’épaule de son amie :

— On peut regarder ?

— Oh ! Darling, regardez. Ce sont des vers faits sur le modèle des chansons populaires de votre pays.

Elle jeta la pierre blanche
À l’eau du lac bleu.
La pierre sur l’onde tranquille
Sombra peu à peu.
Alors la jeteuse de pierres
Eut honte et douleur
D’avoir mis dans le lac perfide
Le poids de son cœur.

— C’est un symbole, Vivian ? Expliquez-le-moi.