Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/260

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convenances, j’irai vous voir à Paris. J’aurai le regret d’apprendre que vous ne pouvez pas me recevoir. Je verrai votre mari, je verrai aussi votre père. Ce sera pour prendre congé, devant faire un voyage un peu long. Adieu, madame !

Au moment où il lui tournait le dos, Thérèse vit miss Bell et le prince Albertinelli qui sortaient de la gare des marchandises et s’avançaient vers elle. Le prince était très beau. Vivian marchait à son côté avec l’allégresse des joies chastes.

— Oh ! darling, quelle bonne surprise de vous trouver ici. Nous venons, le prince et moi, de reconnaître à la douane la cloche qui est venue.

— Ah ! la cloche est venue ?

— Elle est ici, darling, la cloche de Ghiberti ! Je l’ai vue dans sa cage de bois. Elle ne sonnait pas parce qu’elle était prisonnière. Mais je veux lui donner dans ma maison de Fiesole un campanile pour logis. Quand elle sentira l’air de Florence, elle sera heureuse de faire entendre sa voix argentine. Visitée des colombes, elle sonnera à toutes nos joies et à toutes nos douleurs. Elle sonnera pour vous, pour moi, pour le prince, pour la bonne madame Marmet, pour M. Choulette, pour tous nos amis.

— Chérie, les cloches ne sonnent jamais aux vraies joies et aux vraies douleurs. Ce sont d’hon-