Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/100

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devenait dépensière, et que la maison se faisait lourde. Il en sentait le poids sur ses épaules et il lui semblait, dans le vestibule, porter sur son dos le plancher de son appartement avec le piano du salon et la terrible armoire à robes où s’engouffrait tout son peu d’argent et qui était toujours vide. Ainsi opprimé par des pensées domestiques, il saisit la rampe de fer, qui déroulait en courbes lentes son grillage fleuri, et commença de gravir, la tête basse et le souffle court, les marches de pierre, aujourd’hui noircies, usées, fendues, rapiécées, garnies de briques effritées et de carrelages ignobles, et qu’aux jours anciens de leur claire nouveauté enjambaient à l’envi les gentilshommes et les jolies filles pressés d’aller faire leur cour au traitant Pauquet, enrichi des dépouilles de toute la province. Car M. Bergeret logeait dans l’hôtel Pauquet de Sainte-Croix, déchu de sa gloire, dépouillé de ses richesses, désho-