Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/133

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— Je suis veuf depuis douze ans. Ce qu’il me faudrait, c’est une femme, parce qu’il faut une femme pour tenir un ménage.

Il se tut, enfonça trois clous dans le cuir de la semelle et dit :

— Seulement il me faudrait une femme sérieuse.

Il s’était remis à sa besogne. Tout à coup, levant vers le ciel brumeux sa face morne et souffrante, il murmura :

— Et puis, c’est si triste d’être seul !

M. Bergeret eut un mouvement de joie. Il venait d’apercevoir Paillot sur le seuil de sa boutique, il se leva :

— Bonjour, Piedagnel ! Tenez le cou-de-pied assez haut surtout !

Mais le savetier, le retenant d’un regard suppliant, lui demanda s’il ne connaîtrait point, par hasard, une femme, pas toute jeune, travailleuse, une veuve, qui voudrait épouser un veuf ayant un petit commerce.

M. Bergeret regardait avec stupeur cet