Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/140

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ressentait une sorte de honte aussi de s’être laissé surprendre sottement par un être facile à tromper, et qu’elle méprisait pour sa crédulité. Enfin elle était dans ce trouble où jette toute situation nouvelle.

M. Roux lui redonna l’assurance qu’il se donnait à lui-même :

— Il ne nous a pas vus. J’en suis sûr. Il n’a regardé que le guéridon.

Et comme madame Bergeret demeurait pleine de doute, il affirma qu’on ne pouvait voir de la porte les gens assis sur le canapé. Madame Bergeret voulut s’en rendre compte. Elle alla se mettre contre la porte, tandis que M. Roux, répandu sur le canapé, figurait à lui seul le groupe des amants surpris.

L’expérience n’ayant pas paru concluante, ce fut ensuite le tour de M. Roux d’aller à la porte et celui de madame Bergeret de restituer la scène d’amour.

Ils procédèrent plusieurs fois de la même façon, gravement, assez froids l’un pour