Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/144

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les arrêter ni facilité physique ni avantage moral. La première fois, elle avait eu affaire à un homme déjà âgé, remarquablement adroit, point égoïste et qui pensait à lui être agréable. Mais le trouble qui suit une première faute lui gâta son plaisir. La seconde fois elle était plus intéressée à l’aventure. Malheureusement on manquait d’expérience. Enfin, M. Roux lui avait causé trop de désagrément pour qu’elle se rappelât seulement ce qui s’était passé avant qu’ils fussent surpris. Si elle tâchait de se remémorer leur commune attitude sur le canapé, c’était pour deviner ce qu’en avait pu surprendre Bergeret et savoir jusqu’où elle pouvait encore lui mentir et le tromper.

Elle était humiliée, irritée, elle avait honte en songeant à ses grandes filles ; elle se sentait ridicule. Mais elle n’avait pas peur. Elle était sûre de réduire par ruse et par audace cet homme étranger au monde, doux, timide, auquel elle se jugeait très supérieure.