Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/215

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bles d’embrocher, à défaut d’ennemis, une douzaine de leurs supérieurs. Tel est le tempérament des héros. Mais Dumanet n’est pas encore un héros. La paix n’en forme point. Le sergent Bridoux n’a rien à craindre dans le quartier paisible. Toutefois il n’est pas fâché de se dire qu’un homme ne peut lever la main sur lui sans être aussitôt fusillé en musique. Cela est démesuré, dans l’état de nos mœurs, et en temps de paix. Et nul n’y songe. Il est vrai que les peines capitales prononcées par les conseils de guerre ne sont exécutées qu’en Algérie, et qu’on évite, autant que possible, de donner en France même ces fêtes martiales et musicales. On reconnaît qu’elles y feraient mauvais effet. C’est la condamnation tacite du code militaire.

— Prenez garde, dit M. de Terremondre, de porter atteinte à la discipline.

— Si vous avez vu les nouvelles recrues, répondit M. Bergeret, entrer à la file dans