Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/227

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trop court. Après avoir soupiré durant un moment, il reprit, s’adressant cette fois à M. Bergeret :

— Ah ! monsieur, dans l’exercice de mon pénible ministère, il y a bien des épines. Mais aussi, que de fruits ? J’ai maintes fois, dans ma vie déjà longue, arraché des malheureux au démon qui s’apprêtait à les saisir. Mais aucun des infortunés que j’accompagnai à la mort ne fut aussi édifiant, dans ses derniers instants, que le jeune Lecœur.

— Quoi ! s’écria M. Bergeret, c’est de l’assassin de la veuve Houssieu que vous parlez ainsi ? Ne sait-on point ?…

Il allait dire, ce qu’attestaient unanimement les témoins de l’exécution, que le misérable avait été porté, déjà mort d’épouvante, sous le couperet. Il s’arrêta pour ne pas contrister le vieillard, qui poursuivit de la sorte :

— Sans doute, il ne faisait pas de longs