Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/229

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C’était Eusèbe Boulet, rédacteur en chef du Phare, journal radical. Aussitôt, quittant avec un prompt adieu le supérieur du séminaire et le maître de conférences, M. Tabarit joignit à grandes enjambées le journaliste, le salua, rouge d’émotion, tira de sa poche des papiers chiffonnés et les lui remit, non sans un tremblement des mains. C’étaient des notes rectificatives et des lettres complémentaires sur les derniers instants du jeune Lecœur. Ce bon prêtre, au terme de sa vie cachée et de son apostolat obscur, était devenu avide de réclame, insatiable d’interviews et d’articles.

En voyant le pauvre vieillard à tête d’oiseau tendre ses griffonnages au journaliste radical, M. Lantaigne sourit presque.

— Voyez, dit-il à M. Bergeret, le mauvais air du siècle a gâté cet homme même qui s’achemine à la tombe par une longue voie de mérites et de vertus ; ce vieillard, humble et modeste sur tout le reste, est vain de