Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle donnait à dîner étaient signalés par des bruits d’assiettes brisées, par les cris d’épouvante et les larmes indignées de la jeune servante Euphémie, par une âcre fumée qui remplissait tout l’appartement et par une odeur de cuisine qui, pénétrant dans le cabinet de travail, incommodait M. Bergeret parmi les ombres d’Énée, de Turnus et de la timide Lavinie. Pourtant, le maître de conférences fut content de savoir que M. Roux, son élève, mangerait ce soir à sa table. Car il aimait le commerce des hommes et se plaisait aux longues causeries.

Madame Bergeret reprit :

— Vous savez, monsieur Roux, ce sera à la fortune du pot.

Et elle sortit pour donner des ordres à la jeune Euphémie.

— Mon cher ami, dit M. Bergeret à son élève, proclamez-vous toujours l’excellence du vers libre ? Pour ma part, je sais que les formes poétiques varient selon les temps