Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/249

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je m’afflige quand je découvre des creux et des vides sur son front de bataille. Je m’indigne de voir des infidèles se glisser dans ses rangs et les adorateurs du Veau d’or s’offrir à la garde du sanctuaire. Je gémis en observant la lutte engagée autour de moi dans la confusion des ténèbres, favorable aux lâches et aux traîtres. La volonté de Dieu soit faite ! Je suis assuré du triomphe final, de la défaite du crime et de l’erreur au jour dernier, qui sera le jour de gloire et de justice.

Il se leva, son regard était ferme. Mais ses joues appesanties tombaient. Il avait l’âme triste. Et ce n’était point sans raisons. Sous lui le séminaire allait à sa ruine. La caisse était en déficit. Poursuivi par le boucher Lafolie, auquel il devait dix mille deux cent trente et un francs, son orgueil redoutait les remontrances de monseigneur le cardinal-archevêque. La mitre sur laquelle il tendait la main s’évanouissait. Il se voyait