Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/253

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odeur de terre et de feuilles. Le ciel sans lune et sans nuages tenait suspendues dans sa profondeur sombre des gouttelettes de lumière, presque toutes blanches comme le diamant, auxquelles se mêlaient pourtant çà et là des gouttelettes de lumière rouge ou bleue. M. Bergeret, levant les yeux au ciel, contempla les étoiles. Il reconnaissait assez bien les constellations. Le chapeau en arrière, la face horizontale, il désigna, du bout de sa canne, aux regards embrouillés de M. Goubin, les Gémeaux, et murmura ces vers :


Oh ! soit que l’astre pur des deux frères d’Hélène
Calme sous ton vaisseau la vague ionienne,
Soit qu’aux bords de Pœstum…


Puis brusquement :

— Savez-vous, monsieur Goubin, que nous recevons d’Amérique des nouvelles de Vénus, et que ces nouvelles ne sont pas bonnes ?

M. Goubin s’apprêtait docilement à cher-