Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/257

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tité, de l’eau ; elle a peut-être de quoi faire, hélas ! des animaux comme nous.

— N’est-il pas vrai qu’on la croit habitée ? demanda M. Goubin.

— On fut parfois tenté de le supposer, répondit M. Bergeret. La figure de ce monde nous est mal connue. Elle semble variable et sans cesse agitée. On y voit des canaux dont l’origine et la nature sont ignorées. Et nous ne sommes point sûrs que ce monde voisin soit attristé et déshonoré par des êtres semblables à des hommes.

M. Bergeret était à sa porte. Il s’arrêta et dit :

— Je veux croire encore que la vie organique est un mal particulier à cette vilaine petite planète-ci. Il serait désolant de penser qu’on mange et qu’on est mangé dans l’infini des cieux.