Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/277

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— Parfaitement, dit M. de Terremondre. Mais se peut-il que Dieu ait voulu frapper des femmes honnêtes et charitables, comme ma cousine Courtrai, comme mes nièces Laneux et Felissay, qui ont été horriblement brûlées dans cet incendie ? Dieu n’est ni cruel ni injuste.

M. Lantaigne assura son bréviaire sous le bras gauche et fit mine de s’en aller. Puis, se ravisant, il se tourna vers M. de Terremondre et, la main droite levée, dit gravement :

— Dieu ne fut ni cruel ni injuste envers ces femmes dont il fit, en sa miséricorde, des hosties et les images de la Victime sans tache. Mais puisque les chrétiens eux-mêmes ont perdu jusqu’au sentiment du sacrifice et jusqu’à l’usage de la douleur, puisqu’ils sont tombés dans l’ignorance des plus saints mystères de la religion, ne devant point désespérer de leur salut, il faut donc attendre des avertissements plus terribles, des avis plus pressants et de plus grands signes.