Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/57

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tions gaies de la chair et il riait de bon cœur aux endroits scatologiques.

Au milieu du dernier acte, il tira de sa poche un petit pain qu’il avala par menus morceaux, une main sur la bouche, attentif à n’être pas surpris, dans son léger souper, par le coup de minuit, car il devait dire sa messe, le lendemain matin, dans la chapelle des dames des Sept-Plaies.

Après le spectacle, il regagna de son pas menu son gîte le long des quais déserts. Le fleuve traînait dans le silence la plainte sourde de ses eaux. M. Guitrel cheminait dans une brume roussâtre qui grandissait les formes des choses et donnait à son chapeau, dans la nuit, une hauteur surnaturelle. Comme il se glissait au ras des murs gluants de l’ancien Hôtel-Dieu, une fille en cheveux, laide et qui n’était pas jeune, énorme, la poitrine mal contenue dans une camisole blanche, vint en boitant à sa rencontre, l’aborda et, le saisissant par le pan de sa