Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/88

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pauvre, mais dont il pouvait du moins illustrer à propos un vers d’Horace, d’Ovide ou de Martial. Il lui était reconnaissant d’être aimable et de laisser traîner après elle un parfum d’amour. Au dedans de lui-même, il la remerciait comme d’une grâce de cette facilité de cœur, à laquelle pourtant il n’espérait point d’avoir part. Étranger à la société aristocratique, il n’avait jamais pénétré chez cette dame, et c’est par grand hasard qu’aux fêtes de Jeanne d’Arc, après la cavalcade, il lui avait été présenté dans la tribune de M. de Terremondre. Au reste, comme il était un sage et qu’il avait le sentiment de l’harmonie, il ne souhaitait point de l’approcher. Il lui suffisait de saisir par hasard cette jolie figure au passage et de se rappeler en la voyant les récits qu’on faisait d’elle dans la boutique de Paillot. Il lui devait quelque joie et il lui en gardait une espèce de gratitude.

Ce matin du premier jour de l’an, dès