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XVII


« UN FRÈRE EST UN AMI DONNÉ PAR LA NATURE »


Ma tante Chausson habitait Angers où elle était née et s’était mariée. Devenue veuve, elle gérait avec une sévère économie son modique avoir et faisait un petit vin mousseux dont elle se montrait fière et avare. Quand elle venait à Paris, ce que l’on regardait alors comme un grand voyage, elle descendait chez mes parents. La nouvelle de son arrivée était accueillie sans joie par ma mère et par la vieille Mélanie, qui redoutait l’humeur acariâtre de la provinciale. Mon père disait d’elle :

— Il est étrange que ma sœur Renée,