Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/116

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Ne me parlez pas de la nature, si ce n’est de ce qu’on en voit au Petit-Bacchus, dans la personne de Catherine la dentellière, qui est ronde et bien formée.

» Et vous, mon hôte, ajouta M. l’abbé Coignard, donnez-moi à boire, car j’ai la pépie par la faute de M. Nicolas Cerise, qui croit que la nature est athée. Et, par tous les diables, elle l’est et le doit être en quelque manière, monsieur Nicolas Cerise ; et si toutefois elle narre la gloire de Dieu, c’est sans connaissance, car il n’est point de connaissance si ce n’est dans l’esprit de l’homme, qui seul procède du fini et de l’infini. À boire !

Mon père versa un rouge-bord à mon bon maître, M. l’abbé Coignard, et à M. Nicolas Cerise, et il les obligea à trinquer, ce qu’ils firent de bon cœur, car ils étaient honnêtes gens.