Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/139

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bulence auront cela d’excellent, qu’elles rendront impossibles ces savantes correspondances d’État à État, qu’on nomme diplomatiques et qui n’aboutissent qu’à allumer artistement des guerres inutiles et désastreuses. Les ministres du bonhomme Démos, sans cesse talonnés, bousculés, humiliés, bourrés, culbutés et plus assaillis de pommes cuites et d’œufs durs que le pire arlequin du théâtre de la foire, n’auront point de loisirs pour préparer poliment dans la paix et le secret du cabinet, sur le tapis vert, des carnages, en considération de ce qu’on appelle l’équilibre européen et qui n’est que la fortune des diplomates. Il n’y aura plus de politique étrangère et ce sera un grand bonheur pour la malheureuse humanité.

À ces mots, mon bon maître se leva et reprit de la sorte :

— Il est temps de rentrer, mon fils, car je sens le serein me pénétrer par le défaut de mes habits, qui sont percés en divers