Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand les pères, frères et fiancés de ces filles ravies vinrent les chercher, elles refusèrent de retourner au pays natal, alléguant qu’elles y sentiraient trop de honte, et préférant cacher leur déshonneur dans les bras qui l’avaient causé. Maxime qui, pour sa part, avait pris les trois plus belles, vivait en leur compagnie dans un petit manoir dépendant de la mense épiscopale. Sur l’ordre de l’évêque, le diacre Modernus vint, en l’absence de leur ravisseur, frapper à leur porte, annonçant qu’il les venait délivrer. Elles refusèrent d’ouvrir, et comme il leur représentait l’abomination de leur vie, elles lui lâchèrent sur la tête une potée d’eau de vaisselle avec le pot, dont il eut le crâne fêlé.

Armé d’une douce sévérité, le saint évêque Nicolas reprocha cette violence et ce désordre à Maxime :

— Hélas ! lui dit-il, vous ai-je tiré du saloir pour la perte des vierges de Vervignole ?