enfant. Et elle sentait que la beauté d’Évariste conspirait avec elle pour attendrir une femme bien née.
En effet, la citoyenne Rochemaure montra de la sensibilité : elle s’émut à l’idée des souffrances d’Évariste et de sa mère et rechercha les moyens de les adoucir. Elle ferait acheter les ouvrages du peintre par des hommes riches de ses amis.
— Car, dit-elle en souriant, il y a encore de l’argent en France, mais il se cache.
Mieux encore : puisque l’art était perdu, elle procurerait à Évariste un emploi chez Morhardt ou chez les frères Perregaux, ou une place de commis chez un fournisseur aux armées.
Puis elle songea que ce n’était pas cela qu’il fallait à un homme de ce caractère ; et, après un moment de réflexion, elle fit signe qu’elle avait trouvé :
— Il reste à nommer plusieurs jurés au Tribunal révolutionnaire. Juré, magistrat, voilà ce qui convient à votre fils. Je suis en relation avec les membres du Comité de Salut public ; je connais Robespierre l’aîné ; son frère soupe très souvent chez moi. Je leur parlerai. Je ferai parler à Montané, à Dumas, à Fouquier.
La citoyenne Gamelin, émue et reconnaissante, mit un doigt sur sa bouche : Évariste rentrait dans l’atelier.