Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

listes du Sud-Ouest, développait ses idées. Il passait pour impertinent et chagrin, grand broyeur de noir. Mais ses capacités héréditaires en finance le rendaient précieux à ses associés. Il était fils de ce Léon-Léon, banquier des Bourbons d’Espagne, ruiné au crack de l’Union Générale.

— Ça se resserre, vous avez beau dire, ça se resserre. Je le sens. De jour en jour, le cercle se rétrécit autour de nous. Avec Méline nous avions de l’air, de l’espace, tout l’espace. Nous étions à l’aise, libres de nos mouvements.

Il écarta les coudes et joua des bras, comme pour donner une idée de la facilité qu’on avait à se mouvoir dans ces temps heureux, qui n’étaient plus. Et il poursuivit :

— Avec Méline, nous avions tout. Nous les royalistes, nous avions le gouvernement, l’armée, la magistrature, l’administration, la police.

— Nous avons tout cela encore, dit Henri